Benjamin Wesolowski
© Benjamin Faillet

Benjamin WesolowskiChargé de recherche à l’Unité de mathématiques pures et appliquées (UMPA, CNRS/ENS de Lyon)

Médaille de bronze du CNRS

Chargé de recherche à l’Unité de mathématiques pures et appliquées1 , Benjamin Wesolowski est récompensé en 2025 par la médaille de bronze du CNRS. Spécialiste de la cryptologie fondée sur la théorie des nombres et la géométrie algébrique, il contribue à élaborer de nouveaux systèmes de sécurité capables de résister à l’ordinateur quantique.


Comment garantir la sécurité de nos communications à l’ère de l’informatique quantique ? C’est à cette question que s’attaque, entre autres, Benjamin Wesolowski

  • 1CNRS / ENS de Lyon
Petit, j’aimais beaucoup les énigmes et les casse-têtes, et c’est par là que j’ai accroché aux mathématiques. C’est d’ailleurs dans les pages de jeux de magazines pour enfant que j’ai découvert la cryptographie, à travers les messages secrets à déchiffrer.

Un concept dont il ne connaissait alors pas le nom, mais qui restera dans un coin de sa tête, jusqu’à ses études supérieures. « C’est pendant mes études en mathématiques que j'ai découvert ce qu’étaient vraiment la cryptologie et la théorie des nombres », se souvient-il.

À l’interface de la théorie des nombres, de l’algorithmique et de la sécurité informatique, ses travaux portent sur deux grandes familles de cryptosystèmes : ceux basés sur les réseaux euclidiens, et ceux fondés sur les isogénies de courbes elliptiques. « Les cryptologues s’affairent sans cesse à trouver de nouveaux problèmes qui résisteraient aux futures menaces, telles que les ordinateurs quantiques. Ces ordinateurs sont encore au stade expérimental mais le jour où le défi technologique sera relevé, les verrous classiques de la cryptographie ne tiendront plus », explique-t-il. Une approche qui constitue un enjeu primordial dans la société actuelle.

La cryptographie est partout : elle sécurise nos mots de passe, nos messages, nos transactions bancaires, nos clefs de voiture…

En 2022, un rebondissement majeur dans la course à la cryptographie post-quantique illustre l’importance de ce sujet. Alors que le protocole cryptographique SIDH est candidat à la standardisation mondiale, une attaque inédite révèle sa vulnérabilité. « Ce sont des mathématiques très abstraites, liées aux variétés abéliennes, qui ont révélé cette vulnérabilité », souligne le chercheur.  Une situation qu’il nous résume parfaitement : « La cryptologie est un jeu du chat et de la souris, il s’agit de créer des systèmes aussi robustes que possibles et, parallèlement, de tenter de les casser », déclare-t-il.

Un jeu, donc, auquel Benjamin Wesolowski compte bien continuer à jouer. Lauréat en 2023 d’une ERC Starting Grant pour son projet AGATHA CRYPTY, son parcours prometteur est aujourd’hui récompensé par la médaille de bronze du CNRS. Une belle reconnaissance pour la cryptologie mathématique, qui réjouit le chercheur. « Il y a 85 ans, G.H. Hardy se félicitait que son domaine de recherche, la théorie des nombres, n’ait aucune application. Aujourd’hui, la situation a bien changé et je me réjouis de voir la communauté mathématique valoriser ces applications. La médaille illustre cette valorisation, et j’en suis très honoré » conclut-il.