PFAS, diversité linguistique, épilepsies : l’Europe finance trois projets lyonnais via des bourses ERC Consolidator

Communiqué de presse Biologie Chimie Sciences humaines et sociales

Le Conseil européen de la recherche (ERC) vient de communiquer la liste des bénéficiaires des bourses Consolidator. L’agglomération lyonnaise compte trois projets respectivement portés par un professeur de l’Université Claude Bernard Lyon 1, praticien hospitalier des Hospices civils de Lyon pour un projet sur l’épilepsie, et par deux chercheurs CNRS, l’un sur une alternative à des composés polyfluorés nocifs (PFAS), et l’autre sur la diversité des langues.

Projet GIVE-ME-FIVE* :
Vers une alternative aux composés polyfluorés nocifs

Anis Tlili
Crédits : Anis Tlili

Porté par Anis Tlili, chercheur CNRS à l’Institut de chimie et biochimie moléculaires et supramoléculaires (ICBMS, Université Claude Bernard Lyon 1 / CNRS)

Les composés bioactifs contenant du fluor représentent près de 20 % des composés agrochimiques et pharmaceutiques. Le trifluorométhyle (CF3) est aujourd’hui l’un des motifs le plus utilisé en recherche et développement car il améliore considérablement les propriétés pharmacocinétiques. L'Union européenne prépare des lois interdisant la fabrication, l'utilisation et la fourniture de ces composés polyfluorés (PFAS) car ce sont des substances nocives et très dangereuses. Dans ce contexte, les scientifiques se tournent vers le motif SF5 car ses propriétés physiques, chimiques ou biochimiques sont proches de celles de CF3, il est inoffensif et sa minéralisation ne conduit pas à des substances persistantes et toxiques. Hélas, son incorporation dans des molécules d’intérêt reste encore un défi à relever. Le projet Give-Me-Five cherche de nouvelles méthodes directes de synthèse de molécules à base de molécules SF5, et ce à partir d’hexafluorure de soufre (SF6), le gaz à effet de serre le plus puissant connu à ce jour.

* GIVE-ME-FIVE : Design of unprecedented electrophilic SF5 reagents: applications in the synthesis of heteroatom-SF5/carbon-SF5 bonds and late-stage functionalization

 

Projet LANGUAGE REDUX* :
Recherche interdisciplinaire sur l’évolution des langues et leur survie

Mathias Urban
Crédits : Matthias Urban

Porté par Matthias Urban, chercheur CNRS** au laboratoire Dynamique du langage (CNRS / Université Lumière Lyon 2).

Le projet LANGUAGE REDUX examinera si les régions dans lesquelles les langues survivent aux vagues d'expansion d’autres langues ont quelque chose en commun, et si nous pouvons donc nous attendre à ce que certains types d'environnements soient propices à la conservation d'anciennes répartitions linguistiques. Cela aurait des conséquences capitales pour la linguistique historique, car cela nous indiquerait quelles familles de langues et quels types de structures grammaticales étaient autrefois plus courants avant que les grandes vagues d'expansion linguistique ne reconfigurent les répartitions linguistiques. Le projet LANGUAGE REDUX combinera des travaux qualitatifs et quantitatifs sur les distributions de langues et les structures linguistiques, et prendra également en compte les données génétiques pour saisir l'histoire démographique qui sous-tend la dynamique des langues. En tant que tel, il s'inscrit dans un paysage de recherche interdisciplinaire émergent sur la préhistoire humaine.

* LANGUAGE REDUX : Language geography and the dynamics of linguistic and population prehistory
** Prise de fonction en 2024

 

Projet EPIAROUSAL :
Une piste de compréhension et de soin pour les crises épileptiques sévères

Sylvain Rheims
Crédits : Sylvain Rheims

Porté par Sylvain Rheims, professeur de l’Université Claude Bernard Lyon 1, praticien hospitalier des Hospices civils de Lyon, membre du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CRNL, CNRS / Inserm / Université Claude Bernard Lyon 1)

L’épilepsie est l’une des maladies neurologiques les plus fréquentes. Plusieurs de ses complications sont associées au sommeil, dont la mort subite et inattendue (SUDEP), pour laquelle aucun traitement préventif n’existe. Celle-ci résulte d'une apnée centrale induit par une crise convulsive nocturne. Étant donné les interconnexions entre les réseaux cérébraux qui régulent l’éveil et la respiration, certains patients pourraient combiner un trouble respiratoire lié aux crises avec une altération chronique de la régulation de l'éveil. La voie de l’adénosine étant impliquée dans la régulation du sommeil et du contrôle respiratoire, son altération pourrait jouer un rôle clé dans ces dysfonctionnements. Le projet EPIAROUSAL étudiera l'interaction entre trouble respiratoire lié à
l'épilepsie et régulation de l'éveil ainsi que la relation entre
épilepsie, adénosine du tronc cérébral et co-dysfonctionnement respiratoire et de l'éveil, ouvrant ainsi la voie à un traitement de prévention des SUDEP.

* EPIAROUSAL : Arousal and respiratory co-dysfunction in drug-resistant epilepsy: from mechanisms to therapy

Les bourses Consolidator du Conseil européen de la recherche

En 2023, le Conseil européen de la recherche (ERC) finance 308 chercheurs et chercheuses en Europe à travers ses « ERC Consolidator grants », pour un montant total de 627 millions d'euros tirés du programme cadre Horizon Europe. Soutenant le meilleur de la recherche exploratoire dans trois grands domaines – sciences humaines et sociales, physique et ingénierie et sciences de la vie –, ces bourses récompensent des porteurs et porteuses de projets européens ayant obtenu leur doctorat 7 à 12 ans auparavant. Les bourses « Consolidator » (jusqu’à 2 millions d’euros) se situent entre les bourses « Starting » (jusqu’à 1,5 million d’euros et 2 à 7 ans après le doctorat) et « Advanced » (jusqu’à 2,5 millions d’euros et qui visent les chercheurs confirmés). Elles sont attribuées une fois par an pour une durée de 5 ans à des scientifiques issus de tous les pays du monde, mais devant accomplir leurs travaux de recherche dans un pays européen ou associé. Au total, 14,5 % des 2 130 projets proposés ont été financés en 2023. Les lauréats réaliseront leurs projets dans des universités, des centres de recherche et des entreprises de 22 pays européens ou associés à Horizon Europe, notamment l'Allemagne (66 bourses), les Pays-Bas (36), l’Espagne (23) et la France (23). Le CNRS est l’institution hôte pour 9 bourses (1er hôte en France).

Contact

Sébastien Buthion
Responsable communication CNRS Rhône Auvergne
Béatrice DIAS
Directrice de la communication Université Claude Bernard Lyon 1