© Vincent Moncorgé - CNRS / Femmes & Sciences / Université Clermont Auvergne - La science taille XX elles - 2024

Amandine BeauMicrobiologiste

Amandine Beau est ingénieure d’études en microbiologie, au sein d’une unité de recherche basée à l’IUT Clermont Auvergne - site d’Aurillac. Fascinée par les bactéries, elle étudie les caractéristiques d’un probiotique en partenariat avec l’entreprise Biose Industrie, pour améliorer le bien-être des femmes.

Il y a trois ans, en pleine pandémie de la COVID-19, Amandine Beau réalise que de nombreuses personnes de son entourage ont peur. Elles redoutent ce qu’elles ne voient pas et qui paraît insaisissable : les virus, levures, bactéries… Le monde de l’infiniment petit. La jeune femme est en master de microbiologie, on lui demande des conseils, elle aide autant qu’elle peut. Les microorganismes, elle connaît bien, elle les étudie en cours et lors d’expériences professionnelles en laboratoire. Mais elle réalise alors qu’ils sont très mal perçus par la population, alors même qu’ils peuvent être bénéfiques pour la santé. Elle se jure de ne jamais oublier cet épisode singulier et se fixe un but : aider les femmes et les hommes à mieux vivre avec les micro-organismes. Ceux qu’elle étudie et qui la fascinent, ce sont les bactéries. Savez-vous que vous en hébergez plus que le nombre de cellules qui composent votre corps ? Elles sont partout, sur votre peau, dans vos intestins… Et heureusement car elles vous protègent de nombreuses agressions du monde extérieur ! Une en particulier a la faveur de la jeune ingénieure : Lactobacillus rhamnosus. Un nom barbare pour une bactérie lactique au superpouvoir anti-pathogène ! Miraculeusement, elle est déjà présente naturellement dans le tube digestif et dans les voies génitales des femmes. Elle permet notamment de lutter contre Candida albicans, un champignon microscopique à l’origine de candidoses intestinales et vaginales, qui affectent 75 % des femmes. Lactobacillus rhamnosus est ce qu’on appelle un probiotique, un micro-organisme vivant qui, lorsqu’il est ingéré en quantité suffisante, exerce des effets positifs sur la santé. Comme beaucoup d’autres bactéries aux effets bénéfiques, on le trouve communément dans les yaourts ou le fromage, mais il peut arriver qu’il soit en nombre insuffisant, notamment après un traitement antibiotique. Heureusement, il est possible de le synthétiser, en le cultivant dans un fermenteur, c’est ce que réalise l’entreprise Biose Industrie. Depuis un an, Amandine Beau étudie les effets de bactéries bénéfiques pour l’Homme, comme Lactobacillus rhamnosus et Lactobacillus crispatus qui ont la propriété d’empêcher des pathogènes de s'installer dans le corps des patientes. « Je souhaite changer la vie des femmes qui connaissent des infections à répétition, améliorer leur confort de vie », dit-elle. Au sein de son équipe, la jeune femme mène son combat à l’abri des regards, en espérant que ses découvertes auront un impact positif sur la vie de nombreuses femmes. En réalisant ses recherches, elle se voit un peu comme la gardienne de micro-organismes aux superpouvoirs, prêts à attaquer une armée de pathogènes pour sauver le corps humain…