Anis TliliChargé de recherche CNRS au Laboratoire hydrazines et composés énergétiques polyazotés (LHCEP, CNRS / ArianeGroup / CNES / Université Claude Bernard Lyon 1)
Depuis le Laboratoire hydrazines et composés énergétiques polyazotés, où il est chargé de recherche, Anis Tlili explore la catalyse et la chimie du fluor. Il valorise et remplace ainsi des molécules qui impactent l’environnement. Ces travaux lui valent de recevoir la médaille de bronze du CNRS.
Dans son élément lorsqu’il travaille sur le fluor au laboratoire, Anis Tlili est chargé de recherche CNRS au Laboratoire hydrazines et composés énergétiques polyazotés. Il développe une approche catalytique pour des applications et des remplaçants à divers composés « problématiques », avec un accent sur la chimie du fluor.
« Pour simplifier, je valorise des gaz à effet de serre afin qu’ils soient utilisés plutôt que relâchés dans l’atmosphère, précise Anis Tlili. Très stables et non toxiques, le dioxyde de carbone (CO2) et l’hexafluorure de soufre (FS6) peuvent par exemple être utilisés dans des réactions chimiques complexes. » Le succès de ces travaux académiques a vite amené le chercheur à collaborer avec des entreprises et des industriels.
Anis Tlili a ainsi développé avec Solvias des catalyseurs à base de nickel, efficaces et stables à l’air, et qui n’ont plus besoin d’une atmosphère fermée et contrôlée pour fonctionner. Avec Novartis, il a montré l’intérêt en chimie médicinale de réactifs à base de chalcogénures, des ions du groupe de l’oxygène, aboutissant parfois à une meilleure activité biologique.
Anis Tlili coordonne également le projet européen Give-me-five qui vise à remplacer le motif trifluorométhyle (CF3) par un groupe pentafluorosulfanyle (SF5). Ce premier composé appartient à la famille des Substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), qui ne se dégradent pas naturellement à cause de la force de la liaison carbone-fluor. Le groupe SF5 pourrait remplacer ce motif car il présente une activité biologique similaire, voire supérieure, pour les applications médicales. Anis Tlili développe donc les nouvelles méthodes de synthèse nécessaires à cette transition, et ce sans avoir à employer de réactifs toxiques.
Une hyperactivité nourrie par l’amour du chercheur pour la paillasse. « J’aime la chimie pour son côté expérimental : rester au contact des molécules tout en construisant sa réflexion au fil des expériences, explique Anis Tlili. Même les erreurs alimentent les raisonnements et nous aident à trouver des solutions. La recherche est vraiment ma passion, je n’ai pas l’impression de partir travailler quand je me lève le matin ! »
Anis Tlili est également lauréat d’un ERC Consolidator Grant en 2023 pour le projet suivant :
Projet GIVE-ME-FIVE1 : Vers une alternative aux composés polyfluorés nocifs
Les composés bioactifs contenant du fluor représentent près de 20 % des composés agrochimiques et pharmaceutiques. Le trifluorométhyle (CF3) est aujourd’hui l’un des motifs le plus utilisé en recherche et développement car il améliore considérablement les propriétés pharmacocinétiques. L'Union européenne prépare des lois interdisant la fabrication, l'utilisation et la fourniture de ces composés polyfluorés (PFAS) car ce sont des substances nocives et très dangereuses. Dans ce contexte, les scientifiques se tournent vers le motif SF5 car ses propriétés physiques, chimiques ou biochimiques sont proches de celles de CF3, il est inoffensif et sa minéralisation ne conduit pas à des substances persistantes et toxiques. Hélas, son incorporation dans des molécules d’intérêt reste encore un défi à relever. Le projet Give-Me-Five cherche de nouvelles méthodes directes de synthèse de molécules à base de molécules SF5, et ce à partir d’hexafluorure de soufre (SF6), le gaz à effet de serre le plus puissant connu à ce jour.
- 1GIVE-ME-FIVE : Design of unprecedented electrophilic SF5 reagents: applications in the synthesis of heteroatom-SF5/carbon-SF5 bonds and late-stage functionalization