Antoine CoutrotChargé de recherche CNRS au Laboratoire d'informatique en images et systèmes d'information (LIRIS, CNRS/INSA de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1)

Médaille de bronze du CNRS

Antoine Coutrot, chargé de recherche CNRS au Laboratoire d'informatique en images et systèmes d'information1 , étudie la navigation spatiale comme marqueur du déclin cognitifIl est récompensé par la médaille de bronze du CNRS.

Spécialiste de l’attention visuelle, Antoine Coutrot étudie pendant sa thèse à Grenoble comment les sons influencent notre manière de regarder des images. Il poursuit ses travaux sur l’attention visuelle à Londres avant de bifurquer vers l’étude du sens de l’orientation. Recruté pour développer le projet Sea Hero Quest basé sur un jeu vidéo de navigation spatiale, Antoine Coutrot ne quittera finalement jamais ce navire.

Conçu comme un outil de science participative, le jeu mobile propose au joueur de piloter un bateau dans des labyrinthes aquatiques. Avec plus de quatre millions de participants issus de tous les pays du monde, il a permis de recueillir des données massives de manière ludique. Plus de 60 équipes à travers le monde utilisent également cet outil de science ouverte pour leurs propres recherches. Les données cognitives récoltées dans le projet d’Antoine Coutrot ont été croisées avec des variables sociodémographiques comme l’âge, le genre ou le pays d’origine. « L’objectif était de mieux contrôler les facteurs non pathologiques qui influencent la navigation, pour mieux en dégager les éventuelles altérations liées à la maladie d’Alzheimer », explique Antoine Coutrot. 

Car en effet, l’altération du sens de l’orientation est très précoce dans cette pathologie. L’objectif à terme est donc de créer, grâce à ces données, un outil d’aide au dépistage précoce, accessible et personnalisé. Ces travaux répondent à un enjeu de santé publique fort qui motive particulièrement le chercheur : en France, une personne sur deux atteintes de la maladie d’Alzheimer n’est pas diagnostiquée. Avec le vieillissement de la population, le nombre de malades pourrait tripler d’ici 2050.

  • 1CNRS / INSA de Lyon / Université Claude Bernard Lyon 1
J’ai travaillé avec des démographes, des médecins, des philosophes, des informaticiens… C’est un projet où les disciplines se croisent sans cesse et cela me passionne.

Afin de mener son projet à terme, Antoine Coutrot explore des techniques du traitement du signal, mais aussi des techniques d'intelligence artificielle (apprentissage profond) qui permettent de traiter de grandes masses de données et d’explorer les espaces latents associés dans le but de mieux faire apparaître les relations possibles entre les divers types de données acquises. Il collabore aussi avec des équipes médicales à Lyon pour comparer les données de patients aux profils de joueurs similaires non malades et ainsi identifier les premiers signes de déclin cognitif. Il envisage à l’avenir de travailler sur une étude longitudinale qui permettrait de suivre l’évolution de volontaires sur plusieurs années et détecter d’éventuels tournants dans le développement de cette maladie.

Travailler au CNRS permet de construire des recherches sur le temps long, ce qui est indispensable pour aller vraiment au fond des choses et mener une recherche fondamentale de qualité.