Audrey CreffIngénieure d'études au laboratoire Reproduction et développement des plantes
Au sein du laboratoire de Reproduction et développement des plantes (RDP, CNRS/ENS de Lyon/Inrae), Audrey Creff réalise des recherches et des développements techniques en biophysique et microscopie confocale. L’objectif : mieux comprendre les mécanismes de développement des graines. L’ingénieure d’études du CNRS est récompensée par la médaille de cristal.
Audrey Creff étudie la mécanique complexe qui régit le développement des graines. Son intérêt pour les plantes a germé sur le tard. Diplômée d’une Licence en biologie cellulaire, elle se spécialise initialement en physiologie animale. Elle travaille d’abord sur l’étude des cellules de l’hypophyse, glande située à la base du cerveau. Puis, Audrey Creff prend quelque temps racine au CEA de Cadarache où elle se familiarise avec les végétaux. En 2011, elle rejoint finalement l’équipe de Gwyneth Ingram au sein du laboratoire RDP avec qui elle initie des travaux précurseurs sur la mécanique de la graine.
Dans ce cadre, Audrey Creff a notamment mis au point une technique permettant d’appliquer des contraintes physiques sur des graines en croissance. Associé à des méthodes de microscopie confocale, ce dispositif permet à l’ingénieure d’étude et à son équipe d’identifier un gène mécano-sensible. « Ce gène est actif dans une des cinq couches de cellules qui composent l’enveloppe de la graine. Nous avons montré que les contraintes mécaniques entrainent la rigidification d’une des parois de l’enveloppe et induisent l’expression de ce gène ce qui permet de réguler la croissance de la graine et d’éviter qu’elle n’éclate comme un ballon », explique Audrey Creff.
Afin d’aboutir à des mesures plus directes, elle complète ce système par une autre technique. Il s’agit de percer de graines avec une pointe fine afin de mesurer la force nécessaire pour générer des micro-ruptures contrôlées des différentes parois de l’enveloppe. Elle poursuit désormais ses développements par d’autres approches quantitatives en vue de mesurer les propriétés mécaniques globales des graines de manière directe. Côté recherche, elle s’intéresse également à la communication entre l’embryon de la graine et l’albumen, son tissu nourricier.
Audrey Creff est aujourd’hui récompensée par la médaille de cristal pour ses travaux et leurs retombées. « En recherche, on passe vite à autre chose dès que l’on obtient un résultat et cela me fait forcément très plaisir que le CNRS prenne le temps de saluer ce travail de longue haleine », confie-t-elle. En treize ans, ces méthodes ont su s’imposer par-delà la recherche de son laboratoire au point de voir émerger un intérêt accru d’autres chercheurs à l’internationale pour les aspects mécaniques des graines.