© Adam Cooper

Gwyneth IngramDirectrice de recherche CNRS et directrice du laboratoire Reproduction et développement des plantes (RDP, CNRS/ENS de Lyon/INRAE)

Médaille d’argent du CNRS

Gwyneth Ingram, directrice de recherche CNRS et directrice du laboratoire Reproduction et développement des plantes 1 , étudie comment les différents compartiments tissulaires de la graine communiquent pour former une structure cohérente. Elle est récompensée par la médaille d’argent du CNRS.

Sous leurs airs silencieux, les plantes fourmillent de dialogues. Dans chaque graine, trois compartiments tissulaires génétiquement distincts, embryon, albumen, enveloppes maternelles, doivent échanger des signaux pour que la future plante voie le jour. C’est cette conversation intime que décrypte Gwyneth Ingram.

Sa rencontre avec la graine remonte à sa thèse, qu’elle réalise au John Innes Centre, au Royaume-Uni. Après un premier séjour post-doctoral à Lyon, où elle étudie le grain de maïs, elle retourne en Écosse et crée son équipe à l’Université d’Édimbourg. Ses travaux sur l’épiderme embryonnaire chez Arabidopsis thaliana soulèvent alors deux hypothèses fondatrices : l’existence d’un dialogue moléculaire entre les tissus de la graine et l’influence de forces mécaniques sur leur développement. Ses intuitions ne trouvant pas d’écho local, la chercheuse revient au laboratoire RDP à Lyon : « J’ai pu y fusionner mes deux passions : l’épiderme et la graine, pour explorer les dialogues mécaniques et chimiques au cœur du développement des organes reproducteurs ».

Peu à peu, Gwyneth Ingram se recentre sur la communication chimique entre les tissus. Son attention se porte sur la cuticule embryonnaire, cette barrière protectrice essentielle à la survie de la jeune plantule. Avec son équipe, elle met en évidence un échange de signaux moléculaires entre l’embryon et l’albumen, notamment des peptides traversant les frontières cellulaires pour guider la formation et la maintenance de l’intégrité de la cuticule. Elle démontre aussi l’existence d’une gaine lubrifiante, déposée par l’albumen sur la cuticule, qui empêche les adhérences entre tissus. Sans elle, la germination est compromise : l’embryon reste collé, incapable de se détacher. 

Ces recherches l’amènent désormais à interroger l’histoire évolutive de ces mécanismes. Gwyneth Ingram explore ainsi l’origine de ces dialogues moléculaires et leur lien avec la perception de certains signaux environnementaux, comme les gaz oxydants.

  • 1CNRS / ENS de Lyon / INRAE
En tant que directrice de laboratoire, j’ai à cœur de maintenir un cadre où la recherche fondamentale peut s’épanouir, au croisement de l’imagination et de la rigueur scientifique.